30 janvier 2010

Temporary worker visa (H1-B), at last! [Translate]

Aux alentours du 20 janvier, date à laquelle j'avais pris un billet de retour pour Boston, complètement au hasard, j'ai reçu la confirmation que l'immigration américaine avait validé la demande d'obtention d'un visa de travail envoyée par ma boîte. Contrairement au visa de stage (J1), pour lequel on peut se débrouiller avec un ou deux formulaires à remplir par l'entreprise, un visa de travail (H1-B) est complètement couplé avec l'emploi, si bien que c'est l'entreprise qui en fait la demande auprès de l'immigration américaine, par l'intermédiaire d'un avocat. Cela ne signifie pas pour autant que je n'avais pas une montagne de papiers à fournir de mon côté, mais bien moins que ce que mon entreprise devait gérer.

À partir du moment où j'ai reçu mon approval notice, tout est allé assez vite : j'ai pris un rendez-vous à l'ambassade (seule institution habilitée à délivrer des visas : l'approval notice que j'ai reçue de ma boîte est nécessaire pour obtenir le visa, c'est même l'élément clef –– oui j'aime bien écrire "clef" comme ça ! –– mais ils veulent quand même te voir en personne avant de te donner le visa) pour le lundi suivant, j'ai réuni tous les papiers nécessaires pour le rendez-vous (tous les bulletins scolaires depuis le collège entre autres !), et j'ai repoussé mon billet d'avion pour le lundi d'après (1er février).

Le rendez-vous à l'ambassade s'est bien passé, j'y suis allé tôt pour ne pas trop attendre, parce qu'avec leur système FIFO et leur double service (un ticket comme chez le boucher dans les grandes surfaces, mais qui sert 2 fois : il faut attendre pour aller donner son dossier et ses empreintes digitales, et ensuite attendre pour aller passer un entretien... et redonner ses empreintes digitales par la même occasion), et bien il y a moyen d'y passer quelques heures. J'avais apporté un livre (Les pionniers de l'or vert), et ça a été car je n'y suis resté qu'une heure et demie.

À l'issue de l'entretien, qui selon moi se déroule exactement comme pour un visa J1, on m'a finalement accordé mon visa H1-B, valable jusqu'au 6 décembre 2012, que j'ai reçu collé dans mon passeport le lendemain midi. Je suis donc all set pour repartir lundi, après un peu plus de 2 mois en France. J'ai bien profité de ce temps ici pour voir Anaïs, ma famille et mes amis. Ça fait du bien :-)

Il ne me reste plus qu'à faire mes bagages ce weekend, pour retourner dans le froid de Boston (il faisait -16°C hier matin là-bas). Froid qui ne devrait pas être très facile à supporter au départ, car le chauffage a rendu l'âme hier ! J'espère qu'il y a de la neige à pelleter, pour pouvoir se réchauffer un peu. Comme par hasard, il faut que le chauffage pète quand Sean et moi sommes de retour à l'appart'... Il y a comme un air de déjà-vu !

Sean et moi l'année dernière, quand il n'y avait pas de chauffage dans l'appart'.


Et oui, Sean is back in Boston, après un an passé en Allemagne pour son boulot. Il est revenu à Somerville aujourd'hui normalement. Comme il voulait revenir au 29 Main Street, et que Regina ça l'arrange aussi (car il ne devrait pas en partir avant un bout de temps, à part bien sûr quand il part un an en Allemagne, mais ça c'est déjà fait !), et bien Regina lui laisse sa place jusqu'au départ de Mark, en juin prochain. En attendant, elle va loger chez sa soeur à Cambridge, à 4.5 km de Somerville. Elle reviendra quand même toutes les semaines, histoire de checker un peu comment ça se passe :-) Ça devrait être bien sympa de se faire des trucs tous ensemble, tous les 4 ou même tous les 3. Le retour de Sean va faire bien plaisir, même si du coup le chauffage ne marche plus !

Le trajet de chez Regina à chez Maggie, pour aller chercher Regina
et courir autour de la Charles River par exemple.


Allez, c'est parti pour les bagages. Je prends l'avion lundi à 13h30, et je devrais arriver à Boston à 15h25, c'est-à-dire à 21h25 heure française. Je retourne au boulot dès le lendemain, sûrement un peu jet-lagged, mais au moins ce sera chauffé !

Update le 1er février : Je suis bien arrivé, checkez mon commentaire pour plus d'infos.

6 janvier 2010

Faute (à propos de l'identité nationale) [Translate]

Par MICHEL SERRES Professeur à Stanford University, membre de l’Académie française.

"Serres est marqué sur ma carte d’identité. Voilà un nom de montagne, comme Sierra en espagnol ou Serra en portugais ; mille personnes s’appellent ainsi, au moins dans trois pays. Quant à Michel, une population plus nombreuse porte ce prénom. Je connais pas mal de Michel Serres : j’appartiens à ce groupe, comme à celui des gens qui sont nés en Lot-et-Garonne. Bref, sur ma carte d’identité, rien ne dit mon identité, mais plusieurs appartenances. Deux autres y figurent : les gens qui mesurent 1,80 m, et ceux de la nation française. Confondre l’identité et l’appartenance est une faute de logique, réglée par les mathématiciens. Ou vous dites a est a, je suis je, et voilà l’identité ; ou vous dites a appartient à telle collection, et voilà l’appartenance. Cette erreur expose à dire n’importe quoi. Mais elle se double d’un crime politique : le racisme. Dire, en effet, de tel ou tel qu’il est noir ou juif ou femme est une phrase raciste parce qu’elle confond l’appartenance et l’identité. Je ne suis pas français ou gascon, mais j’appartiens aux groupes de ceux qui portent dans leur poche une carte rédigée dans la même langue que la mienne et de ceux qui, parfois, rêvent en occitan. Réduire quelqu’un à une seule de ses appartenances peut le condamner à la persécution. Or cette erreur, or cette injure nous les commettons quand nous disons : identité religieuse, culturelle, nationale… Non, il s’agit d’appartenances. Qui suis-je, alors ? Je suis je, voilà tout ; je suis aussi la somme de mes appartenances que je ne connaîtrai qu’à ma mort, car tout progrès consiste à entrer dans un nouveau groupe : ceux qui parlent turc, si j’apprends cette langue, ceux qui savent réparer une mobylette ou cuire les œufs durs, etc. Identité nationale : erreur et délit."