Dans mon dernier post, je venais de conclure une grosse semaine d'entraînement pour le marathon par 34 km autour de la Charles River. C'est-à-dire que j'en étais à environ la moitié de mon plan d'entraînement, si vous regardez où se trouve la ligne du 7 mars sur mon log. J'ai finalement couru un peu plus de 600 km en 12 semaines (sans compter le marathon proprement dit), ce qui fait une moyenne de 50 km par semaine (contre 34 km par semaine pendant 7 semaines pour mon dernier semi-marathon), avec un pic à 90 km la semaine du 15 au 21 mars.
C'était la première fois que je suivais véritablement un plan d'entraînement pour le marathon (des problèmes au genou m'avait empêché de suivre ce même plan l'année dernière, et puis l'année d'avant c'était mon premier marathon, donc je m'entraînais un peu à l'arrache, en mode on verra bien !). J'ai terminé mes deux premiers marathons en 3h40, je visais donc la barre des 3h30 une fois de plus cette année. Énorme différence cette année : j'allais m'aligner au départ avec 600 km dans les jambes, autrement dit je me sentais bien entraîné. Ça fait bien plaisir d'arriver en confiance, contrairement à l'année dernière.
Je suis donc revenu en France une semaine avant le départ, histoire d'être serein au niveau du jetlag. D'ailleurs cette fois-ci j'étais bien crevé quand j'ai pris l'avion, du coup j'ai réussi à dormir 3 heures pendant le vol, et j'ai tenté une nouvelle technique qui s'est avérée très efficace : au lieu de commencer la journée avec tout le monde le matin en sortant de l'aéroport, et de tomber de sommeil vers 14h, cette fois j'ai dormi quelques heures le matin, et je n'ai presque pas senti le jetlag après ça. À refaire, mais bon il faut réussir à dormir dans l'avion pour ça !
La dernière semaine du plan d'entraînement était plutôt tranquille, en mode "va courir 4 km pour que les jambes n'oublient pas comment on fait", mais rien de plus. J'ai bien apprécié de courir dans les champs à-côté de chez moi, après avoir couru en ville pendant 3 mois. Samedi soir, la veille de la course, on s'est retrouvés chez Solen et Morgan, avec Anaïs, Jonathan, et Nicolas (!), pour la traditionnelle Pasta Party, histoire d'avoir de quoi brûler le lendemain. On s'est une fois de plus bien régalés avec les sauces faites maison :-) Au lit vers 23h pour se lever le lendemain à 5h30.
Dimanche 11 avril, le jour J, mon petit déjeuner consiste en un bol de Chocapic, et beaucoup d'eau... Le RER de 7h05 nous emmène au départ place de l'Etoile. On parcourt les couloirs de la RATP beaucoup plus rapidement que lorsqu'on reviendra prendre le RER du retour, d'abord parce qu'on n'a pas encore couru, mais aussi parce que l'envie de pisser est bien présente depuis 4 stations de RER ! Après s'être séparés d'Anaïs et de Solen que l'on retrouvera plus loin, avoir pissé deux ou trois autres fois, et s'être échauffés dans la même rue que tous les dossards à un ou deux chiffres (autrement dit, les pros), comme on en a maintenant l'habitude, vient le moment de s'aligner au départ. Je me permets de "voler" quelques photos de Solen provenant du blog de Morgan pour illustrer un peu...
Lever de soleil sur l'Arc de Triomphe, avant de partir s'échauffer.
Pas encore changés, mais déjà tout excités !
Ça y est on est tous changés (enfin presque !), on va partir s'échauffer.
Moi je fais du recyclage du poncho qu'ils nous avaient filé l'année dernière.
Moi je fais du recyclage du poncho qu'ils nous avaient filé l'année dernière.
Petite revue des participants cette année (j'ai mis des liens vers leurs compte-rendus plus haut) : je pars dans le même sas que Morgan cette fois-ci, le "3h30". Il a eu quelques problèmes pendant son entraînement, donc il part d'abord avec l'objectif de terminer, et puis il garde quand même son record de 3h44 en tête... Devant nous (loin), dans le sas "3h", mon grand frère Jonathan a pour objectif de battre son record de 2h50 (!), malgré lui aussi quelques "incidents" durant sa préparation, mais un plan d'entraînement de ouf malgré tout. Au départ également : Maggie (avec un dossard), et Regina (sans dossard), avec un objectif de 4h.
Le coup de feu est tiré, c'est parti pour 42,195 km (ou 26,2 miles) sous le soleil ! Jonathan passe la ligne de départ 30 secondes après, tandis que Morgan et moi la passons avons le temps d'écouter "I got a feeling" des Black Eyed Peas jusqu'au bout avant de la franchir 5 minutes plus tard. On reste ensemble pendant les 2 premiers km, c'est-à-dire pendant la descente des Champs-Elysées. Je ralentis sur le côté à 2 reprises pour ce que je crois être un gravier à l'arrière de mon pied gauche (je n'ai toujours pas identifié ce que c'était, mais c'est parti à un moment), mais je rejoins Morgan ensuite. On se sépare place de la Concorde, sans trop s'en rendre compte, car c'est dense : il y a du monde !
Premier ravitaillement à 5 km, je prends une bouteille d'eau que je garderai pendant environ 30 km. J'apprécie le double marquage (un panneau à chaque km, et un panneau à chaque mile), car je me suis entraîné en miles pendant 3 mois. Je m'arrête ensuite après environ 10 km (aux premier espace vert en fait !) pour pisser une dernière fois, car je ne me voyais pas traîner ça pendant encore 32 km ! Je passe les 10 km en 50 minutes : si je maintiens ce rythme de 5 min/km je peux terminer en 3h31... Le bois de Vincennes se passe bien, le retour dans Paris aussi, et je passe le semi en 1h43', c'est-à-dire avec 2 minutes d'avance sur mon objectif. Il faudra donc essayer de ne pas trop faiblir sur la fin, contrairement aux autres années, ou j'avais perdu 10 minutes sur les 10 derniers km.
T-shirt aux couleurs de Boston, et Asics GT-2140 aux pieds.
À partir du semi, une douleur assez violente à la cuisse gauche fait son apparition. Je ne suis pas trop surpris, car je la connaissais depuis les dernières sorties longues que j'avais faites aux US, mais bon, la sérénité baisse un peu sur ce coup-là, parce que je suis encore loin de l'arrivée... J'arrive à me maintenir aux côtés du meneur d'allure de 3h30, donc tout se passe bien. Je retrouve Anaïs et Solen à la sortie du Pont de l'Alma (un peu après le 28ème km), comme l'année dernière. Une tape dans les mains et c'est parti direction le fameux "mur des 30", toujours avec du bois dans la cuisse gauche... Aux US ils divisent le marathon en "deux courses" : les 20 premières miles (32 km) et les 6 dernières (10 km). Les années précédentes j'étais encore dans le rythme au 30ème km, mais je m'étais écroulé aux alentours du 33ème...
Cette fois-ci les semaines d'entraînement à 80 km et plus on payé : certes j'ai ralenti entre le 33 et le 35, mais je ne me suis pas écroulé ! J'ai juste perdu l'avance que j'avais depuis le semi. Après ça, les sensations étaient très spéciales : j'en chiais de plus en plus, les jambes devenaient de plus en plus dures, j'avais vraiment très mal, exactement comme les années précédentes. Mais il y avait une énorme différence : malgré ces douleurs, je gardais le rythme. Je regardais mon chrono à chaque kilomètre, et je passais entre 5:00 et 5:15 à chaque fois. Je galérais comme un ouf, mais j'avançais. Regina me l'avait dit : les semaines de ouf du plan d'entraînement, celles où tu as l'impression de te tuer les jambes en repartant pour 30 km le dimanche après une semaine de 50 km, elles servent à apprendre aux jambes à courir dans la douleur. Cette phrase prenait tout son sens pendant ces derniers kilomètres...
Traverser Paris en courant par beau temps, ça le fait !
La fin du marathon me paraît toujours très longue : pour arriver à faire 30 km, il suffit de s'entraîner un peu sérieusement, de manger des pâtes la veille, et c'est parti ! Mais après en avoir fait 32, tu n'as plus de forces, plus d'énergie. Je n'avais qu'une envie c'était d'arriver, de terminer. Arriver au panneau "35 km" prend déjà pas mal de temps et de forces, et là je me dis "bon il reste 7 km, donc environ 35 minutes de course". Quand tu as mal partout, que tu as du bois dans la cuisse et dans l'estomac (à force de manger et de boire), ça fout vraiment un coup au moral de se dire qu'il faut encore continuer pendant 35 minutes.
La douleur se lit sur mon visage en fin de parcours !
J'avais mangé une banane et deux gels énergétiques pendant les 30 premiers km, et je me traînais un bon mal de bide depuis environ le 30ème, à tel point que je n'avais même plus envie de boire pendant ces 7 derniers km. Bon, je ne suis pas trop con donc je me suis forcé à continuer à boire régulièrement, mais à chaque fois ça rajoutait un peu plus à la difficulté de l'ensemble... Je passe les kilomètres un par un, du 36 au 40, avec le même raisonnement de décompte dans la tête : combien il me reste de temps avant de pouvoir m'arrêter. Mais au mons je continuais, sans perdre de temps, contrairement à énormément de gens qui marchent pendant cette deuxième partie de course.
Malgré les apparences, je suis vraiment content car je réussis
à garder un bon rythme dans ces derniers kilomètres.
à garder un bon rythme dans ces derniers kilomètres.
Passer le 40ème km est toujours un soulagement, une sorte de faux objectif, parce que j'ai tendance à le passer en me disant qu'il ne reste que 2 km, alors qu'en fait il reste encore 2 km ! C'est beaucoup de temps 10 minutes, après tout ça dans les jambes ! J'ai eu un peu de mal à rejoindre le panneau indiquant 42 km, c'était vraiment dur. Ensuite il ne reste qu'à essayer d'accélérer dans la dernière ligne droite (ces fameux 195 mètres) pour terminer en beauté, et bien déchiré ! Dans cette ligne droite j'ai doublé un mec complètement immobile, bloqué en position de running, pris en charge par deux personnes de la Croix-Rouge : si près du but, dommage... Je passe finalement la ligne d'arrivée à la 6415ème position sur 30815 arrivants, en 3:32:18, à bout de forces mais en améliorant mon record de 8 minutes :-)
Mes résultats, temps de passage, classements, ...
J'ai jeté ma bouteille d'eau avant le km 40, donc j'ai très soif. J'ai du mal à parler, on dirait presque un mec bourré, je fais des signes pour demander où est-ce que je peux trouver une bouteille. Après avoir rendu ma puce, récupéré mon T-shirt "Finisher" et ma médaille, j'accède enfin au ravitaillement de l'arrivée ou j'étanche ma soif et où je mange quelques quartiers d'orange, toujours pas énormément serein au niveau du bide, donc en mode prudent. Je rejoins finalement Anaïs, Solen, et Jonathan (déjà là depuis un bout de temps !), après avoir marché ce qui me paraît une éternité ! Jonathan a lui aussi bien amélioré son record, puisqu'il a terminé 106ème (!!!) en 2h37 ! Il est sereinement dans le top 10 féminin. Morgan nous rejoint peu après. Il termine en 3h48 : à défaut de nouveau record, il améliore sa précédente marque sur ce parcours de plus de 24 minutes ;-) Félicitations à vous deux ! On a attendu en espérant voir Maggie et Regina arriver, mais Maggie a terminé en 4h19 (problème à la jambe après un semi en 2h), donc on est partis avant.
Après avoir mis 50 ans à atteindre le quai du RER,
on l'attend sagement, bien fatigués mais heureux.
on l'attend sagement, bien fatigués mais heureux.
J'ai bien galéré au niveau des jambes pendant les trois jours suivants : je marchais tout doucement et surtout j'avais vraiment l'air con à chaque fois qu'il fallait descendre la moindre marche ! Mais finalement la récupération s'est bien passée, puisque je n'avais plus mal du tout après ces trois jours. Le weekend suivant, j'ai fait un bon tour de vélo avec Anaïs le samedi, puis on a fait un peu de roller le lendemain, et je suis retourné faire du vélo avec Solen et Morgan le dimanche soir. Je ne suis pas reparti dimanche à cause du (ou "grâce au" ?!) volcan, ce qui m'a permis d'aller courir dans les champs avec Morgan mardi, histoire de voir comment on se sentait. Ça s'est plutôt bien passé (petite douleur à la cuisse gauche qui est revenue sur la fin pour moi) puisqu'on a mis 1h12 pour courir 14 km. On a enchaîné sur une soirée crêpes avec Solen ensuite, très bon esprit !
Voilà pour le compte-rendu sportif de mon séjour en France. J'ai bien apprécié de courir ce marathon, sous le soleil pour la 3ème fois consécutive, avec Morgan et Jonathan, c'était vraiment excellent. Le parcours est génial : Maggie et Regina ont vraiment profité de la "visite" en traversant Paris. En plus j'ai bien aimé courir en connaissant le parcours, en sachant ce qui m'attendait, ce qu'il me restait. Le principal inconvénient reste le monde (Jonathan n'a pas trop eu de problèmes à ce niveau-là, il a même été gêné par le vent !) : c'est vraiment super blindé, à tel point que ça arrive que l'on marche (un tout petit peu, certes, mais quand même, ça casse le rythme) en arrivant sur certains passages plus étroits. Heureusement, les rues de Paris sont dans la majorité très larges.
Du coup je ne sais pas encore si je vais me ré-inscrire l'année prochaine : je me demande si je ne vais pas essayer de courir un marathon moins peuplé, on verra, ça dépendra de pas mal de choses, comme par exemple des courses auxquelles s'inscrivent Jonathan et Morgan... Ça peut aussi dépendre de mon lieu de vie : pourquoi ne pas essayer de courir Boston si j'y suis encore, (sans dossard, car il faut avoir déjà fini un marathon en moins de 3h10 pour se qualifier, mais beaucoup de gens le courent sans dossard, il y a même un départ officiel pour ceux qui ne sont pas inscrits !)... Tout ça reste donc assez flou, mais il est encore tôt pour s'en préoccuper ! La prochaine course au départ de laquelle je prévois de m'aligner devrait être le semi-marathon de Boston en octobre prochain. À part ça, je n'ai aucune autre course prévue.